Genève : les Municipalités sont constituées

Bon, ça, c'est fait...

Bon, ça, c'est fait : la Ville de Genève reste fermement ancrée à gauche, avec la majorité absolue des suffrages pour Christina Kitsos, la réelection claire et nette d'Alfonso Gomez, l'élection de Joëlle Bertossa et de Marjorie de Chastonay -des victoires personnelles, la constitution d'une large majorité féminine au Conseil administratif et un succès de l'alliance de toute la gauche, mais aussi une sorte de ratification de la politique menée depuis cinq ans (si ce n'est depuis plus longtemps encore...) par la Municipalité de la Ville de Genève ("une victoire pour une Genève humaine, durable, accessible et créative", résume Joëlle Bertossa). L'"internalisation" du nettoyage et l'engagement dans la fonction publique du personnel de nettoyage des lieux publics, la municipalisation des crèches, le soutien aux lieux et aux acteurs de la culture non institutionnelle, les prestations sociales municipales (l'allocation de rentrée scolaire, les allocations complémentaires municipales), c'est au bilan de la municipalité de gauche. Et de la Ville de Genève en tant que commune qu'une partie de la droite (l'UDC) veut supprimer, et qu'une autre partie (le PLR, le MCG) ne cesse de vouloir caporaliser.

 

Et maintenant, passons aux choses sérieuses...

Et maintenant, les élections passées, on peut dans les communes passer aux choses sérieuses (ce n'est pas dire que les élections n'en sont pas, c'est seulement dire qu'elles ne font que donner les conditions pour qu'on y passe).

Minoritaire au Conseil municipal (comme elle le fut le plus souvent, même si elle l'oublie...), la gauche de la Ville de Genève serait bien inspirée de se concentrer sur l'essentiel (les enjeux, le programme, le projet et les projets) plutôt que sur des concours de préau d'école (primaire). Et c'est quoi, l'essentiel ? Ce sont quoi, les enjeux, les projets ? C'est, par exemple et pour n'évoquer que ceux qui ont déjà été engagés, l'"internalisation" dans la fonction publique du nettoyage des locaux publics, la municipalisation des crèches. Ce sont aussi des projets votés par le Conseil municipal, mais que le Conseil administratif sortant n'a toujours pas commencé à concrétiser : l'instauration d'une carte d'habitants, ou celle de budgets participatifs, par exemple. Ou, porté par une motion adoptée par le Conseil municipal mais à laquelle le Conseil administratif sortant n'a pas répondu, la création d'un espace (maison, cité, musée, peu importe) dédié à la migration.

 

Pour le reste, les grands enjeux des "législatures" précédentes vont rester ceux des cinq ans à venir, et que la gauche soit minoritaire ou majoritaire au Conseil municipal n'y change rien, ces enjeux étaient déjà présents, et ont commencé à être relevés quand la droite était majoritaire au délibératif. Que sont ces enjeux ? la politique sociale, la politique de la petite enfance, la politique culturelle, la politique d'aménagement, la transition écologique, le logement, la démocratie locale. 

Prenons (pas tout à fait au hasard, avouons-le) un exemple : mettre en place un service public général de la petite enfance, comme cela été fait pour l'école, c'est la politique déjà menée en Ville de Genève). La Ville de Genève finance à 75 % les structures d'accueil de la petite enfance. Il est donc logique qu'elle en fasse des structures municipales et en reprenne la gestion, plutôt que se contenter de mettre en soins palliatifs des structures associatives qui manquent à la fois d'engagements militants et de professionnalisme. Ses priorités sont de garantir à tous "ses" enfants les mêmes droits, une "prise en charge adéquate, un suivi éducatif de qualité et une alimentation  saine". La réforme de la "gouvernance de la petite enfance" doit permettre de "répondre aux besoins des familles, en garantissant la création de nouvelles places en crèche, la qualité des prestations et l'équité de traitement entre les familles" : c'est l'enjeu de la municipalisation des structures d'accueil et de l'intégration de leur personnel à celui de la Ville. La gratuité de l'accès à l'offre parascolaire, finalement, s'inscrit dans la poursuite d'une politique de la petite enfance dont la municipalisation est le socle. Défendre ce socle, et son élargissement, est donc une condition de ce qu'on va construire dessus : un vrai service public général de la petite enfance.

 

Vous voulez savoir à quoi correspond une politique de gauche dans une ville comme Genève, et pourquoi la large majorité de gauche dans l'Exécutif municipal y est essentielle, puisque dans l'organisation des communes genevoises, le pouvoir réel n'est pas en mains du Conseil municipal mais du Conseil administratif? C'est facile, il vous suffit de prendre la liste des mots mis à l'index aux USA par les trumpistes : chacun d'eux dit ce que nous devons faire. Et que nous pourrons continuer à faire, puisque nous disposons de la majorité là où elle nous est indispensable, ce qui nous consolera de l'avoir perdue d'un poil dans la cour de récréation (ou ses arrière-cours) où on joue, séance après séance, à kicèkikalaplusgrosse...

 

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