Rasez Gaza, qu'on voie Monaco...

D'une trumperie l'autre

Chaque jour désormais nous amène sa trumperie (ou SES trumperies, c'est une pétoire à répétition), régulièrement complétée par une muskerie sortie du même asile. Cela avait commencé par la revendication d'annexion du Canada et du Groenland et de "récupération" du canal de Panama, cela a continué par le départ des USA de l'OMS et des Accords de Paris, le racket tarifaire du Canada et du Mexique et la tentative d'en faire autant à l'encontre de la Chine (mais là, le morceau était tout de même trop gros),puis  l'annonce de s'en prendre prochainement à l'Union Européenne (ce qui toucherait aussi, évidemment, la Suisse). Trump (ou plutôt Musk) a également suspendu les activités de l'agence pour le développement avant de la saborder en la rattachant au Département d'Etat, annoncé le démantèlement du ministère de l'Education. Enfin, il a proposé de raser Gaza (comme si ce n'était pas déjà quasiment fait par Israël), de déporter ses habitants en Jordanie et en Egypte, de transformer la ville et son environnement en une "Côte d'Azur" moyen-orientale accueillant une population venue du monde entier, et il s'apprête à autoriser Israël à annexer purement et simplement la Cisjordanie. Et à déporter ses habitants palestiniens au Groenland ?

 

Le fils naturel de Louis XIV et de Max Stirner

On est, avec Trump, dans l'unilatéralisme à tous les étages. Y compris à l'étage multilatéral : les USA ne quitteront pas l'ONU. Ils se contenteront de la paralyser et de quitter ses agences, comme ils viennent de le faire avec l'OMS : leur objectif reste leur domination sur le monde, et l'objectif de Trump sa domination sur les USA. En face, ou à côté, ou en dessous, y résistera-t-on ? Qui veut, et qui peut, y résister ? La Chine, sans doute, mais à part elle, qui ? L'Europe ? Elle le pourrait, si elle le voulait et s'en donner les moyens. Mais elle s'y refuse -la seule obsession de plusieurs de ses Etats membres (à commencer par l'Allemagne) étant de continuer à pouvoir bénéficier de la "protection" (intéressée et conditionnée à l'achat d'armements américains) des Etats-Unis, tout en sachant qu'avec Trump à leur tête, la parole des Etats-Unis ne vaut plus grand'chose. L'Union Européenne, et ses principaux membres (la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne) ont certes condamné le "plan Trump" et rappelé qu'ils soutenaient la "solution à deux Etats" (et donc la création d'un Etat palestinien) que ce "plan" rendrait évidemment impossible, mais ces prises de position en resteront certainement au stade rhétorique. Quant à l'ONU, son Secrétaire général a beau déclarer qu'il faut "éviter toute forme de nettoyage ethnique" (car c'est bien ce à quoi équivaut le plan de Trump), elle n'a aucun moyen de s'y opposer, puisque les USA y disposent d'un droit de veto...

 

Cela posé, Trump est tout de même un cas intéressant, et même à certains égards assez fascinant (intellectuellement, à défaut de l'être politiquement), quoi qu'il en soit de la nocivité radicale de ses décisions. On a affaire à une sorte de synthèse de protectionnisme et d'impérialisme, de gesticulation et de calcul. On aurait d'ailleurs pu s'y attendre (et à vrai dire on s'y attendait un peu) de la part du fils naturel de Louis XIV ("l'Etat, c'est moi") et de Max Stirner ("pour moi, il n'y a rien au-dessus de Moi"). Un cas en tout cas bien plus intéressant que celui de son acolyte Elon Musk (à moins qu'en réalité, ce soit Musk qui soit président et que Trump ne soit que sa couverture médiatique), qui, frayant avec la cheffe du parti d'extrême-droite allemand afd, considère qu'en Allemagne "l'accent est trop mis sur la culpabilité du passé". Quelle culpabilité de quel passé ? le génocide des juifs, des tziganes, des handicapés et des homosexuels, le massacre des prisonniers de guerre russes ? A oublier d'urgence pour passer aux choses sérieuses : les saloperies du présent qui feront, le temps passant, les belles "culpabilités du passé", à oublier pour pouvoir récidiver.

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